Rwanda: Des conclusions sans preuves

L’ex-journaliste Stephen Smith est indigné. Officiellement, il n’apprécie pas que “[s]on ancien journal”, Libération, ait barré sa “une”, le 11 janvier dernier, du mot “Irréfutable”, en évoquant le rapport d’expertise judiciaire relatif à la destruction en vol du Falcon 50 présidentiel, le 6 avril 1994 au Rwanda. Alors il vient de faire paraître une tribune dans le quotidien, intitulée: “Rwanda: des preuves sans conclusion”. Hier prêt à relayer n’importe quelle campagne de désinformation du moment qu’elle accablait le régime de Kigali, Stephen Smith vient, semble-t-il, de découvrir la rigueur et la prudence depuis que le travail engagé par le juge Trévidic apporte un bruyant démenti à ses écrits antérieurs.

Car officieusement, si Stephen Smith l’a mauvaise, ce n’est pas tant en raison du titre choisi par Libé que parce que l’expertise communiquée aux parties voici deux semaines par les juges d’instruction Nathalie Poux et Marc Trévidic invalide les spéculations hasardeuses sur l’attentat auxquelles il s’est livré dès le mois de juillet 1994, dans Libération, puis, en 2004, dans les colonnes du Monde.

“L’enquête du juge Bruguière, fondée sur des centaines de témoignages, des dizaines de commissions rogatoires et de nombreuses missions d’entraide judiciaire à l’étranger, bénéficie du concours de plusieurs dissidents du FPR, exilés en lieu sûr, dont un membre du “network commando”, la structure clandestine placée directement sous les ordres du général Kagamé et chargée de l’attentat”, écrivait-il dans Le Monde daté du 10 mars 2004, jetant l’opprobre sur le le FPR à trois semaines de la 10e commémoration du génocide (et à la veille d’une visite du président Kagame en Belgique).

Recopiant servilement un rapport de la police judiciaire, sans chercher à en authentifier la fiabilité, le journaliste précisait à l’époque qu’“Abdul Ruzibiza dit avoir effectué les repérages pour l’attentat, aidé notamment par le sergent Bosco Ndayisaba, originaire de Masaka, où sa famille vivait toujours. Le 6 avril, à 17h30, il a rejoint le point de ralliement à partir duquel les quatre membres de son groupe se sont déployés pour ‘couvrir’ l’équipe de tir qui serait arrivée par ses propres moyens, à bord d’une Toyota conduite par le sergent Didier Mazimpaka et abritant, camouflés sous des cartons vides et des ordures, les deux tubes lance-missiles destinés à l’opération”.

Las! Le récit d’Abdul Ruzibiza était un grossier faux témoignage, de même que celui de ses camarades “repentis”, que l’expertise remise aux juges Poux et Trévidic – et ce n’est pas la moindre de ses conséquences – vient aujourd’hui invalider avec fracas. Car tous ces témoignages (dont Smith se serait aperçu, s’il les avait étudiés, qu’ils sont mutuellement contradictoires et incompatibles) étaient basés sur un même postulat, aujourd’hui scientifiquement écarté: les missiles auraient été tirés depuis la colline de Masaka, et non depuis le camp militaire de Kanombe. En faisant s’écrouler la piste Masaka, l’expertise récente a mis à nu le socle de mensonges sur lequel reposait toute l’enquête Bruguière – tout en plaçant en fâcheuse posture les zélés porte-paroles qui, à son instar, lui avaient bruyamment apporté leur caution.

À cet égard, Stephen Smith semble avoir la mémoire courte. Dans une tribune publiée en 2006 dans le quotidien Libération, avec son vieux complice l’universitaire André Guichaoua, il avait lui-même suggéré une alternative qui se retourne aujourd’hui contre lui : “De deux choses l’une: soit [le livre publié par Abdul Ruzibiza fin 2005] est une affabulation révisionniste, et il mériterait d’être dénoncé comme tel (en même temps que les deux chercheurs spécialistes du Rwanda [en l’occurrence, Claudine Vidal et André Guichaoua himself, nda] qui l’ont cautionné); soit le livre du lieutenant Ruzibiza vient corroborer tout un faisceau d’indices et de témoignages concordants ­ et alors il devrait aussi porter à conséquence.”

La réponse a été apportée par Abdul Ruzibiza en personne, bien avant la remise du rapport d’expertise aux juges Poux et Trévidic. À en juger par les multiples volte-faces et contradictions testimoniales égrenées par ce facétieux “repenti” – qui n’a jamais été mis en examen par le juge Bruguière alors qu’il s’accusait initialement d’avoir pris part à un attentat terroriste ayant causé la mort de douze personnes! –, son récit semble bien relever d’une affabulation révisionniste. Après avoir totalement rétracté son témoignage, fin 2008, le pseudo-membre de l’imaginaire “Network Commando” n’a pas manqué d’exposer en détails le making of de ses diverses dépositions devant la justice (française, espagnole et internationale): “Tout commence avec mes premiers contacts avec les services de renseignement français en 2001… au mois de février. Donc tout ce qui a été fait – que ce soit avec les enquêteurs d’Arusha, que ce soit au TPIR, que ce soit dans les déclarations que j’ai faits (sic) dans [mon livre],  que ce soit ce que j’ai raconté au juge Bruguière et au policier Pierre Payebien, et tout ce que j’ai raconté en Espagne– tout, tout, tout, sans exception, a été coordonné par les services français.” (Interview sur France 24, à partir de 06’04”.)

Même si, après une rétractation de deux ans, l’insaisissable Ruzibiza est revenu à sa première version, accusant à nouveau le FPR d’être à l’origine de  l’attentat, il a apporté à son témoignage initial une nuance de taille: en réalité, jamais il n’a joué le moindre rôle dans l’attentat contre l’avion présidentiel; jamais il n’a participé aux repérages de l’opération; jamais il n’a été témoin oculaire des faits! Entre février et avril 1994, il se trouvait non pas à Kigali mais… à Ruhengeri, à 90km de la capitale rwandaise – comme il l’expliquera au cours de son audition par les juges Poux et Trévidic, en 2010! Le 11 janvier 2012, Libération n’a fait qu’en tirer les conséquences, conformément à ce que préconisait six ans plus tôt son ancien collaborateur, en dénonçant les “experts” et “journalistes” français ayant “cautionné” par le passé cette honteuse mystification.

Stephen Smith s’indigne en outre que le quotidien dans lequel il a mené sans relâche, entre 1994 et 2000, une véritable guerre de l’information contre la mémoire du génocide (qualifiant à chaque article le nouveau régime rwandais d’être “issu des fosses communes”) tourne aujourd’hui résolument le dos aux thèses que lui-même y avait, pendant des années, fait prospérer. Le long droit de réponse grimé en tribune qu’il publie aujourd’hui dans Libé en offre une illustration saisissante.

Stephen Smith commence par affirmer que son ire ne serait pas due au fait que Libération le range parmi les experts”, “journalistes” et “responsables français” “qui ont dû se sentir mal à l’aise” au lendemain de la divulgation du rapport d’expertise. Au vu du nombre d’articles qu’il a produits par le passé pour accréditer la culpabilité du FPR dans l’attentat, on est en droit d’imaginer, a contrario, que l’ombrageux africaniste est en réalité furieux que “[s]on ancien journal”, en violation des règles non écrites du corporatisme journalistique, ait jeté ainsi son nom en pâture.

Faute de lire dans ses pensées (ce qu’à Dieu ne plaise!), admettons sa version. Mais si ce n’est son orgueil blessé, qu’est-ce qui a donc bien pu susciter la colère froide du plus célèbre “Monsieur Afrique” de la presse française?

1) “…l’expertise n’apporte aucune certitude”, ne craint pas d’écrire Stephen Smith.

Première contrevérité. Car la principale certitude délivrée par les experts mandatés par les deux magistrats antiterroristes est loin d’être anecdotique : Le faisceau de points de cohérence qui se dégage des études que nous avons conduites nous permet de privilégier comme zone de tir la plus probable, le site de KANOMBE, écrivent-ils dans leur rapport (p. 313). Dans cette zone s’inscrivent les positions (2) et (6) (la position (1) ayant été écartée précédemment), c’est-à-dire le cimetière actuel et le bas du cimetière, sur un espace compris entre les façades arrière des trois maisons des ressortissants belges dont celle des époux PASUCH, et le sommet de la colline surplombant la vallée de NYAGARONGO.”

Quant aux deux sites de tir de MASAKA, positions (3) et (4), nous avons été conduits à les écarter”, ajoutent les auteurs (p. 314).

Or cette double certitude a de nombreuses implications, que Stephen Smith feint d’ignorer.

La première, c’est que les missiles ont été tirés depuis un camp militaire où étaient basés plusieurs bataillons d’élite des ex-Forces armées rwandaises (et une poignée de conseillers militaires français), camp lui-même situé à proximité immédiate de la résidence présidentielle. Autrement dit, l’opération a été conduite depuis un des lieux les mieux sécurisés du Rwanda à l’époque, par conséquent inaccessible aux hommes du FPR.

La seconde, c’est que la thèse – apparue ex nihilo dès le printemps 1994 – qui faisait de Masaka le lieu de départ des missiles n’était qu’un leurre.

La troisième, qui découle de la seconde, c’est que la théorie construite par le juge Bruguière entre 1998 et 2007 n’est rien d’autre qu’une vaste mystification, basée sur de nombreux faux témoignages et sur – au moins – un faux document (nous aurons l’occasion d’y revenir dans un autre billet). Et cette certitude n’est pas la moindre des révélations auxquelles Libération faisait écho le 11 janvier, sous la plume de Maria Malagardis.

2) “…[l’expertise] ne nous apprend pas qui a déclenché l’extermination des Tutsis”, poursuit Stephen Smith.

On a bien lu. Dix-huit ans après, Stephen Smith continue d’ignorer “qui a déclenché le génocide des Tutsis”! Du moins tente-t-il de nous le faire croire. Parmi les centaines de sources disponibles qui lui permettraient de combler cette honteuse lacune, citons en une seule: le premier jugement rendu par le TPIR, le 2 septembre 1998, dans l’affaire Jean-Paul Akayesu, bourgmestre de la commune de Taba :

Selon la Chambre, le génocide aurait été organisé et planifié non seulement par des membres des FAR, mais aussi par des forces politiques regroupées autour du ‘Hutu-power’, et aurait été exécuté pour l’essentiel par des civils, dont notamment des miliciens armés et même des citoyens ordinaires; et surtout les victimes tutsies en furent en grande majorité des non combattants, dont des milliers de femmes et d’enfants, voir des fœtus. Le fait que ce génocide ait été perpétré alors même que les FAR étaient en conflit avec le FPR ne saurait en aucun cas servir de circonstances atténuantes à sa survenance.”

On sait pertinemment – et Stephen Smith le sait bien, lui aussi – qui a déclenché le génocide des Tutsi. Alors qu’est-ce que le désormais professeur à l’Université de Duke cherche à exprimer par cette phrase? Celle-ci ne peut signifier qu’une chose: Stephen Smith continue, à dessein, d’entretenir la confusion entre les auteurs de l’attentat contre le président Habyarimana et les auteurs du génocide contre les Tutsi. Cette contrefaçon historique, entretenue avec constance par les principaux génocidaires condamnés à Arusha, postule que la concomitance entre l’attentat et le début des massacres démontrerait que l’attentat est la cause des massacres. Ce qui, bien évidemment, n’est pas le cas: l’attentat ne fut que le prétexte au génocide. On n’extermine pas un million d’innocents, jusqu’aux femmes et aux nourrissons, pour venger l’assassinat d’un président – a fortiori quand nul ne sait qui l’a tué.

3) “…mais surtout, inclure parmi les suspects Paul Kagamé et le FPR (Front patriotique rwandais) ne mérite pas l’opprobre ‘négationniste’ que certains, à Libération,  jettent sur ceux qui ne pensent pas comme eux”.

Encore une fois, l’auteur joue aux candides. Ce qui était reproché par Libération, le 11 janvier dernier, aux adeptes de la thèse Bruguière, ce n’est pas d’avoir examiné l’hypothèse que Paul Kagamé ait pu commanditer l’attentat: c’est d’avoir clamé haut et fort la culpabilité du FPR dans l’attentat en se basant sur de faux témoins et de faux documents. C’est aussi d’avoir, dans le même mouvement, accrédité le mensonge (exposé ci-dessus) selon lequel l’auteur de l’attentat serait, mécaniquement, responsable du génocide. Autrement dit, pour nous convaincre qu’il n’est pas “négationniste”, Stephen Smith s’appuie sur un raisonnement ouvertement négationniste – pour s’en convaincre, il n’est qu’à se reporter aux écrits des principaux organisateurs du génocide, pour qui ce raisonnement est le principal axe de défense.

À la marge de ces trois principales observations, qui lui “sont restées en travers de la gorge”, Stephen Smith s’accroche aux derniers fragments de l’enquête Bruguière, tel un naufragé à son radeau. “Le rapport d’experts confirme, par exemple, que les missiles tirés étaient des IGLA1-SA 16, de fabrication russe, croit-il bon de rappeler. L’armée ougandaise, l’alliée du FPR, en disposait, contrairement aux Forces armées rwandaises.” Nouvel arrangement avec la vérité. Nous étudierons dans un prochain billet la question des missiles ayant pu servir dans l’attentat, et montrerons que le juge Bruguière s’est basé sur un faux document pour en attribuer la possession au FPR. Outre la méthode Coué, rien ne permet en effet d’affirmer que les ex-FAR ne disposaient pas de missiles SAM-16 à la date du 6 avril 1994. En outre, à supposer que celles-ci n’en aient pas détenu officiellement dans leur arsenal, rien ne permet d’affirmer qu’elles n’auraient pas été en mesure de s’en procurer au marché noir en vue de commettre l’attentat. La seule certitude que nous avons aujourd’hui sur cette question, documents à l’appui, c’est qu’à partir du début des années 1990, les ex-FAR ont engagé de nombreuses démarches visant à acquérir des SAM-16, se tournant pour cela vers la Chine, l’ex-URSS, la Corée, le Brésil ou encore des firmes privées.

Enfin, conclut Stephen Smith, Libé lui reproche “d’avoir été ‘l’un des premiers à incriminer sans preuves le FPR’, dans Libération, dès juillet 1994”. Il est vrai que ce passage recèle une imprécision qui a pu froisser son narcissisme. En tant que journaliste, Stephen Smith n’a pas été “l’un des premiers” mais bien le premier “à incriminer sans preuves le FPR” dans l’attentat. C’était le 29 juillet 1994. Le génocide venait à peine de prendre fin et le journaliste de Libération, sans disposer du moindre élément factuel, s’aventurait déjà à faire “ressortir, en l’absence de preuves matérielles, comme la plus plausible des différentes hypothèses une – monstrueuse – présomption: que le Front patriotique rwandais, le mouvement représentant les Tutsis minoritaires du Rwanda, ait pu commettre l’acte entraînant le génocide de ses partisans”.

Dans cet écrit qui a fait date, Stephen Smith avait toutefois raison sur un point: “en l’absence de preuves matérielles”, présenter l’hypothèse d’une culpabilité du FPR dans l’attentat comme “la plus plausible des différentes hypothèses relevait effectivement d’une démarche “monstrueuse”. Au cours des quatre mois précédents, les seuls à avoir osé s’y aventurer étaient les organisateurs du génocide eux-mêmes… et leurs alliés français.

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3 Réponses to “Rwanda: Des conclusions sans preuves”

  1. Faustin Kagame Says:

    Magistral! On se souvient en effet que le 10 mars 2004, Stephen Smith avait réussi à plomber l’atmosphère de la dixième commémoration du génocide à Kigali avec la « boîte noire » de l’avion présidentiel abattu dix ans plus tôt. Un enregistreur de paramètres de vol qui était censée révéler l’identité des tireurs de missile planqués au sol dans la verdure (sic) si quelqu’un voulait bien se donner la peine d’aller fouiller les placards de l’ONU à New-York où elle se trouvait. Une info que Smith avait pu se procurer grâce à des fuites échappées de l’enquête du juge Bruguière déjà bouclé à l’époque disait-il, dont Chirac aurait recommandé de différer la publication par compassion pour les Rwandais en deuil. Relisons Smith: « Si tant à l’Elysée qu’au Quai d’Orsay on affirme que ‘la justice passera’, un conseiller de Jacques Chirac reconnaît sous couvert d’anonymat, qu’une « consigne civique » a été passée au juge Bruguière pour qu’il ne saisît pas le parquet dans le contexte du dixième anniversaire – imminent- du début du génocide au Rwanda ». Consigne civique et indépendance de la justice sont antinomiques, n’est-ce pas ? D’une délicatesse jusque là insoupçonnée de la part des autorités françaises à l’égard des Rwandais, cette consigne passée par le Président Chirac (chef du pouvoir exécutif) à un juge représentant le pouvoir judiciaire, ira pourtant bien au-delà de la 10ème commémoration. Elle tiendra en fait plus de 2 ans et demi après le bouclage annoncé par Smith de l’instruction, et c’est sans doute elle qui permettra au juge Bruguière d’attendre le bon moment avant de lancer ses mandats d’arrêt fin novembre 2006. Le bon moment ? Oui, le début des auditions publiques de la Commission rwandaise dites « Mucyo », chargée d’examiner l’implication de la France dans le génocide en octobre 2006. Un timing aujourd’hui confirmé par Wikileaks, dont les fuites récentes montrent des Américains affirmant après la visite et les confidences que venaient de leur livrer le juge Bruguière sur son enquête, que ses mandats étaient destinés à contrer le rapport Mucyo que l’inverse ! La « consigne civique » de l’article de Smith, couplée aux révélations de Wikileaks permettent aujourd’hui de mettre à nu la coordination continue entre l’exécutif français et le juge Bruguière. Vous avez dit « indépendance de la justice » ?

  2. Faustin Kagame Says:

    Erratum: Dans le passage suivant,  » Un timing aujourd’hui confirmé par Wikileaks, dont les fuites récentes montrent des Américains affirmant après la visite et les confidences que venaient de leur livrer le juge Bruguière sur son enquête, que ses mandats étaient destinés à contrer le rapport Mucyo que l’inverse », lire « des Américains apportant la preuve indirecte que » au lieu de « des Américains affirmant ».

  3. Bernard REYNAUD (@BernardREYNAU11) Says:

    En fait Libération a lubrifié la poursuite du génocide au Kivu en bloquant par deux articles successifs en 94 et en 96 le rapatriement des réfugiés hutus contraints à l’exil par le Hutu Power avec l’appui des lubrificateurs français du génocide poursuivi au Zaïre par ceux-ci jusqu’à ce que les USA sifflent la fin de partie (là, la source est de façon paradoxale Pierre PEAN dans « Carnages »)
    Bernard REYNAUD
    http://beynost.blogspot.com

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